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Finale de la Ligue des champions : des versions contradictoires

La finale de la Ligue des champions qui s’est déroulée le 28 mai dernier au Stade de France à Paris n’a pas manqué de faire parler.

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Et pas seulement sur les performances des joueurs de Liverpool et du Real Madrid ! Plusieurs dysfonctionnements organisationnels et des suspicions de faux billets ont en effet créé la polémique.

Toutefois, comme l’explique Dan Bloch, les discours tenus par l’UEFA ainsi que par les autorités françaises sont aujourd’hui remis en cause. Explications.

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Une soirée de chaos à l’unanimité mais avec des arguments divergents

« Soirée de chaos », « Fiasco »… Les termes qui ont fait la une des journaux au lendemain de la finale de la Ligue des champions n’étaient guère élogieux… Et pour cause ! De nombreux débordements et scènes de violence se sont tenus à Saint-Denis, aux abords du stade de France.

Selon Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports (tous deux présents au PC sécurité du stade le grand soir), « des milliers de supporters britanniques, sans billet ou avec de faux billets ont forcé les entrées et, parfois, violenté les stadiers ».

Un constat apparemment partagé par l’UEFA qui a déclaré que « des milliers de spectateurs » se sont présentés avec de « faux billets qui ne fonctionnaient pas », générant « une accumulation de spectateurs » dans les files d’attente.

Face à ces témoignages, Didier Lallement, le préfet de police de Paris, a décidé de saisir le procureur de la République pour une « fraude massive aux faux billets » (en référence à l’article 40 du code de procédure pénale).

Il évoque au cours de cette plainte la présence de spectateurs supplémentaires (de l’ordre de 30 à 40 000) aux alentours du Stade de France.

Mais cette version est aujourd’hui pointée du doigt et fortement contestée.

Des avis tranchés qu’une enquête devra éclaircir

S’il faut rappeler que la France a déjà accueilli des événements de grande envergure sans aucun problème à souligner (comme lors de l’Euro 2016 ou la Coupe de France), certains encouragent à s’interroger sur la capacité de la France à gérer de tels événements.

Ainsi, pour Ronan Evain, le Directeur général de Football Supporters Europe (FSE), « on doit se poser la question de savoir si la France avait la capacité d’organiser [cette finale] au regard de difficultés organisationnelles répétées autour du Stade de France qu’on avait déjà vues sur l’Euro 2016, sur certaines finales de Coupe de France.

Ce sont des problèmes qui sont anciens, connus, très importants ». Il pointe du doigt « un problème ancien de circulation, de mobilité, autour du Stade de France, qui était exacerbé.

Il y a un problème très spécifique, qui est celui du nombre de stadiers disponibles, de leur formation, de leur qualité professionnelle, de l’expérience professionnelle, qui se pose depuis le retour au stade et l’épidémie de Covid-19 ».

Outre ces problèmes organisationnels, Ronan Evain dénonce également « les conclusions tirées par le ministre de l’Intérieur et la ministre des Sports ». Selon lui, « cette histoire de faux billets, malheureusement, fait partie de la culture du supportérisme à Liverpool.

Si c’est un faux billet, la personne est expulsée et fin de l’histoire ». Il ne fait aucun doute pour lui que ce problème de faux billets est largement connu et identifié mais aussi « généralement bien traité par les organisateurs de finales ».

Un point de vue qui est par ailleurs partagé par Pierre Barthélémy, un avocat de plusieurs groupes de supporters français : « Il y avait des faux billets et des fausses accréditations, on en a vu, mais de manière très marginale ».

Pour cet avocat, cet argument ne serait qu’un prétexte et les supporters de Liverpool se seraient « très bien comportés » et « ont su garder leur calme malgré l’attente interminable, le manque d’informations et les gaz lacrymogènes ».

Un constat également souligné par les policiers de Liverpool qui étaient présents comme observateurs et agents de liaison.

D’ailleurs, pour Ronan Evain, les gens sans billet n’étaient « ni des supporters de Liverpool, ni des supporters du Real Madrid, mais plutôt des jeunes Parisiens qui sont venus tenter leur chance autour du Stade de France ».